L'art otage de l'ego


By Art by Maarika
N'ayons pas peur de l’évidence en rappelant que l'homme est artiste depuis la nuit des temps ! Bien avant l'époque des grottes de Lascaux, l'art rupestre s'étend sur 170.000 sites sur des zones équivalentes à 160 pays (1).
C'est dire si, à l'échelle de l'humanité et de sa population de l'époque, l'affaire est entendue : l'art est (et restera) omniprésent.

Depuis le fin fond des âges, nous avons utilisé l'expression des formes, des couleurs et des sons pour traduire l'univers qui nous entoure, de ses aspects les plus bruts aux plus sensibles et nos liens avec cet univers. Cette expression, lorsqu'elle est harmonieusement transcrite, nous fait vibrer, secoue et interpelle l'âme, bref, place notre esprit au diapason de l'univers.

Platon, premier à exprimer formellement une pensée sur la musique, posait déjà les choses il y a quelques millénaires (2) :

La musique est une loi morale, 
elle donne une âme à nos cœurs,
des ailes à la pensée,
un essor à l'imagination.
Elle est un charme à la tristesse,
à la gaieté, à la vie, à toute chose.
Elle est l'essence du temps et s'élève à tout ce qui est de forme invisible,
mais cependant éblouissant et passionnément éternelle…. 

Nul doute que l'on peut étendre ces mots à toute forme d'art.
En théorie.
Car en pratique l'art au fil du temps s'est laissé prendre dans un filet en devenant esclave de l'ego (3). Il s'est laissé enchaîner dans la prison du narcissisme, une prison à plusieurs étages.

L’ego 

Étage 1 L'ego de l'artiste 


Au début, souvent l'artiste crée parce qu'il est comme interpellé par l'envie irrépressible et diffuse de créer. Puis, pour peu que ses premières créations trouvent un bon accueil chez ses concitoyens, il continue en espérant "pouvoir en vivre". C'est alors qu'il entre dans l'engrenage de la "vente" d'art et des perversions du marché. Parce que, selon les règles établies de ce marché, pour vendre, il faut être connu. Connu et apprécié. Dans l'art contemporain il est même inutile d'être apprécié. Être connu suffit. (Voir le billet Qu'est-ce que l'art contemporain ?).

Pour être connu, il faut se faire connaître. Et tout est fait pour que l'artiste soit mis en avant plutôt que l'œuvre. Le fait que la nécessité ou non du fameux "statement" (4) de l'artiste génère des débats tellement enflammés entre les artistes et avec les galeries montre à quel point la nécessité de mettre l'artiste (et non ses créations) au centre du marché est vital pour ce même marché.

Alors si tu lis ces mots, ami artiste, prends le temps de réfléchir à ce qui te pousse à créer. As-tu besoin de reconnaissance ? As-tu quelque chose à te prouver à toi-même ? Trouves-tu dans l'art un moyen d'expression de tes névroses ? L'art est-il pour toi une sorte de drogue qui vise à apaiser tes angoisses ? Est-il une machine à satisfaire ton sens de l'esthétique ? Bref, emprisonnes-tu l'art par ton ego ?
Ou éprouves-tu juste un besoin de créer sans trop savoir précisément pourquoi ? Pour le plaisir de créer, peut-être ?

Étage 2 L'ego des galeries


Des galeries d'art françaises qui ne prennent même pas la peine de répondre aux envois de portfolios des artistes "non reconnus" -du marché - (sic) à ce directeur de galerie d'art Brésilienne qui se plaint du côté provincial de la place de l'art brésilien par rapport à celle de Londres…  L'ego est définitivement roi dans le monde des galeries d'art de ce début du XXIe siècle. D'ailleurs la tendance lourde des vanity galleries qui font fureur dans la zone anglo-saxonne est là pour le rappeler. Il n'y a pas encore de traduction française pour les vanity galleries (on pourrait dire "galeries de vanité"), mais même les expositions parisiennes ont compris à quel point elles pouvaient tirer leur épingle du jeu en "sélectionnant" des artistes qui gagneront le droit (...?) d'exposer lors de l'événement, c'est-à-dire de venir faire le guignol sur un stand pendant 3 jours en payant un droit d'entrée de plus de 1000€ et en prenant en charge toute la logistique de l’opération.

Étage 3 l'ego du marché de l'art


C'est à l'étage du marché de l'art, comme nous l'avons déjà vu (voir les billets Différence entre le monde de l'art et le marché de l'art et Qu'est-ce que l'art contemporain ?) que nous trouvons les signaux les plus emblématiques de cet état de l'art. En imposant des pratiques perverses, le marché de l'art contemporain pousse à son paroxysme la domination de l'ego sur l'art. Des galeries d'art qui font elles-mêmes monter les enchères de leurs "poulains" lors des ventes aux enchères en est un exemple. Le fait que les procès et autres enquêtes des brigades financières soient aussi nombreux en est un autre exemple. Le fait, enfin, que le marché de l'art soit devenu à un certain niveau purement spéculatif en est l'émanation la plus évidente.

En bref, c'est assez simple. À tous les étages, il suffit de voir qui est mis en avant dans les expositions : l'œuvre ou l’artiste ? Qui est coté sur le marché : l'œuvre ou l'artiste ? Qu'est-ce qui fait le prix d'une œuvre : la cote de l'artiste ou l'œuvre elle-même ? Etc.

Mais au final, en quoi le fait que l'art reste dans les filets de l'ego est-il délétère ? 

Parce que ça pose un problème à plusieurs dimensions.

1) L'ego prime dans les œuvres produites (à profusion), au point que submergés par la pléthore d’informations, on ne distingue plus le subtil du brut ou l'art reflétant la névrose de celui traduisant une harmonie inspirée.

2) Cela pervertit le marché de l'art et alimente à la fois les dérives de l'art contemporain et celles  de l'art en général (6).

3) L'énergie projetée par ces objets produits de l'ego n’a qu’un piètre intérêt et nous éloigne d’une connexion bien plus écologique d’un art tout court : « L’art est une activité humaine, le produit de cette activité, ou l’idée que l’on s’en fait s’adressant délibérément aux sens, aux émotions, à l’intellect et aux intuitions. On peut dire que l’art est le propre de l’homme, et que cette activité n’a pas de fonction clairement définie. »  (Définition Wikipedia).

C’est pourquoi il est grand temps de lancer des impulsions vers un mouvement de libération de l’art. Libération de l’ego, libération du joug d’un marché sans âme (spéculatif). Impulser ce mouvement, c’est impulser une vague de fraîcheur sur la créativité, mettre en lumière les innombrables sources de créations méconnues à travers la planète, faire vivre un art qui participe en toute simplicité à la grande symphonie de l'Univers.


(1) Aux origines de l'art, 50000 ans d'art préhistorique et tribal. Emmanuel Anati.
(2) Platon, dans La République vers 400 av. JC.
(3) Après avoir été pendant des siècles celui des dogmes religieux.
(4) le statement de l'artiste est un peu son credo, son verbatim, il doit exprimer (si possible longuement -des fois que l'artiste n'ait pas assez réfléchi à son art !-) ce qu'il veut traduire par ses créations, l'essence de son travail (ben voyons), le sérieux de son approche.
(5) voir le livre Les stars de l'art contemporain, Alain Quemin, CNRS Editions.
SHARE:

Les 3 questions essentielles à poser avant d’acheter une œuvre d’art


Que lon soit acheteur dart averti ou néophyte, la pléthore doffres d’œuvres dart est telle, aujourdhui, quil est impossible dacheter en conscience (que ce soit au niveau du prix ou du sens donné à une œuvre dart) sans poser quelques questions clés au vendeur, c'est-à-dire, dans la plupart des cas, à la galerie.

Quelles questions poser à la galeriste (ou au galeriste) avant de se décider. 

1/ Pouvez-vous men dire plus sur cette œuvre d'art ? 

La question na pas tant pour objet den connaitre plus sur l’œuvre ou sur lartiste que de vérifier lapproche de la galerie sur la vente dune œuvre dart. Est-ce pour elle un simple business ? A-t-elle un fort background dans le monde de lart ? Si oui, est-ce plutôt par une intervention dans le marché de lart (position souvent traduite par « avoir pignon sur rue » et son corrélat « œuvres chères ») ou la galerie est-elle plutôt actrice dans le monde artistique, par des happenings ou une recherche de sens, par exemple ?

Pourquoi cette question est-elle essentielle ?  

Parce qu'elle va vous indiquer de degré de fiabilité de la galerie, sa manière de suivre et d'accompagner l’œuvre ou l'artiste, sa conscience professionnelle et sa connaissance du sujet.

2/ Pouvez-vous men dire plus sur cet artiste ? 

Cette question, à poser, avant un achat d’œuvre d'art même si vous connaissez bien lartiste en question, a également pour fonction dexplorer la position et lattitude de la galerie vis-à-vis de lartiste en question.

Pourquoi cette question est-elle essentielle ?

Parce qu'elle va vous permettre de percevoir si la galerie a une position et une attitude éthique vis à vis de l'artiste. Malheureusement, les nombreuses plaintes des artistes concernant l'attitude des galeries à leur endroit montrent que toutes n'ont pas une approche totalement éthique de la représentation d'un artiste.

3/ Pourquoi ce prix ? 

Cest THE question qui va vous permettre 1) de savoir si une négociation peut être ouverte 2) Si vous payez cette œuvre le prix juste ou si sont inclus dans le prix pléthore de frais qui viennent sagréger au coût de création de l'œuvre elle-même, dans le cas dune galerie internationale, par exemple qui dépense un très fort budget en promotion... Auquel cas vous prenez le risque d'acheter l’œuvre à un prix supérieur à sa valeur réelle perçue par le marché.

Comme on peut le constater, ces trois simples questions sont des questions ouvertes, car lidée est de parvenir à sérier le contexte dans lequel est vendue cette œuvre et donc, si vous payez le juste prix, ou si vous faites lacquisition dune œuvre à un prix totalement surévalué. Ces questions sont devenues particulièrement importante aujourdhui pour lacheteur dart avisé (ou néophyte) car le marché de lart s’étant totalement démocratisé mais étant toujours tenu dune main de fer par un marchéqui s’auto entretient, les prix ont tendance à suivre des voies un peu holé holé.

Si vous souhaitez former un peu plus votre approche en tant quacheteur dart et aiguiser à la fois votre œil et votre démarche, inscrivez-vous à la newsletter et n'oubliez pas de suivre les posts de la rubrique Marché de l'art.


SHARE:

La valeur et le prix des oeuvres d'art

Etablir la valeur d'une oeuvre d'art est un casse-tête cornélien dans la mesure où l'art est par essence un univers subjectif, dont l'ambition initiale est à mille (lieux) lieues du commerce. C'est sans compter l'art et la créativité qu'a l'humain pour valoriser l'inestimable et vendre l'invendable.

Cette table ronde d'une cinquantaine de minutes fait un tour d'horizon de cette capacité et livre quelques clés essentielles pour comprendre les rouages du marché de l'art.





Voir aussi les posts Comment s'établit le prix de l'art ; Hic et Art ; et tous les articles de la rubrique Marché de l'art.
SHARE:

Art contemporain, l'anthropocentrisme remis au (mauvais) goût du jour.

Sorti des presses en février 2016, le livre La valeur de l'art contemporain pose la question de la valeur des œuvres de ce courant artistique. Ce petit essai court, perspicace et brillant fait partie des "must read" (à lire absolument) actuels pour qui veut aiguiser son regard sur l'art contemporain et en comprendre les rouages profonds.

Les auteures (1) partent d'un constat : au fil du temps depuis les années 1960 (2), "ce sont désormais les artistes et leur démarche que le monde et le marché de l'art évaluent, bien au-delà du produit fini que représentent leurs créations parfois éphémères" et "ce ne sont plus des normes esthétiques établies qui sont au coeur des processus d'évaluation économique et artistique, mais l'ensemble des acteurs du monde de l'art (galeristes, collectionneurs, critiques, artistes, administrateurs, conservateurs, commissaires, etc.). L'essor du marché de l'art a ainsi rendu plus complexe le lien entre valeur marchande et valeur artistique, et le décrochage entre ces deux valeurs semble être l'une des nouvelles caractéristiques de l'art contemporain".

Alors, c'est simple, ce constat décrit une situation qui porte un nom dans l'histoire des sciences : l'anthropocentrisme. Cette vision du monde initiée par Aristote, qui considère l'homme comme le centre de l'univers a dû attendre l'époque de Galilée, Copernic, Tycho Brahe et autres lumières des époques lointaines pour être balayée par la démonstration que la Terre n'est pas au centre de l'univers et que par conséquent l'homme ne l'est pas non plus...

SHARE:

Comment s’établit le prix d’une œuvre d'art ? Partie 2

Suite des billets Hic et art et Comment s’établit le prix d’une œuvre d'art ? Partie 1

Euro Construction
Par Erina (Travail personnel) [Public domain], via Wikimedia Commons

Les œuvres émanant d’artistes vivants

Les œuvres des artistes reconnus


On distingue les œuvres d’art de plus de 500 000 €(1) des œuvres d’art entre 10 000 et 500.000 € de celles en deça de 10.000 €.

Pour les artistes qui vendent des œuvres au-delà de 500.000 €, le système est le même que celui décrit précédemment, mais en beaucoup plus rapide : au lieu de mettre 1 siècle à se valoriser, les œuvres, qui appartiennent quasi toutes à l’art contemporain (2), peuvent ne mettre que quelques années voire quelques mois. S’il est repéré, un artiste peut monter très vite au panthéon des ventes des maisons d’enchères. Notons que c’est l’artiste qui a la cote et non l’œuvre. C'est-à-dire que si un artiste est très coté et qu’il fait un dessin au stylo sur le coin d’une nappe en papier à la fin d’un déjeuner bien arrosé, le dessin aura de facto une immense valeur.
C’est ainsi que Richard Prince peut se permettre de piquer des images à 1$ sur instagram pour les revendre à son nom à 90 000 $.

On voit là la fragilité du système à long terme, le marché spéculatif de l’art contemporain rappelant par ailleurs grandement la bulle internet avant son explosion dans les années 2000…

Les artistes non reconnus du marché


Pour ce qui concerne le « petit marché » (de moins de 10 000 € à 50 000 €), il en va autrement.
C’est un marché qui a littéralement explosé ces dernières années, en termes d’offres. Sur ce marché, principalement porté par internet qui propose littéralement plusieurs centaines de milliers de galeries et autres plateformes, l’artiste est son propre représentant. A lui de prendre son bâton de pèlerin et de placer ses œuvres là où il peut. Les galeries, qu’elles soient virtuelles ou, surtout, physiques, n’ont plus les moyens de financer les risques de la promotion d’un artiste. Tout leur budget passe dans les salons et autres expositions internationales, passages obligatoires pour leur survie.

Ainsi, on a vu récemment le marché se transformer par les acteurs qui interviennent et par les modalités de « business ».

L’artiste se transformant en vendeur, les plateformes (qui lui demandent de  multiples fois de mettre la main au portefeuille pour promouvoir son art) lui indiquent des « bonnes pratiques » pour établir le prix de ses œuvres : sur Saatchi art, par exemple, il est préconisé de

-    Faire un tour d’horizon pour voir le prix du marché de ce type d’œuvre (sic !)
-    Prendre en compte les coûts de la matière et du temps passé pour établir un prix, qui varie donc principalement en fonction du support, de sa taille et de son coût de production, le tout en comptant 20$ par heure passée à réaliser l’œuvre.

En plus d’être vendeur, l’artiste doit donc être bon comptable. Il est également conseillé par toutes les plateformes et autres conseillers en marketing de l’art qui fleurissent actuellement d’établir une stratégie marketing et une politique de prix et de prévoir des « prints », des versions imprimées de l’œuvre originale. Imprimée sur posters, sur giclées, sur tee-shirts, sur sacs, sur mugs, etc.

Bref, au final, si un artiste ambitionne de vivre de son art dans ce nouveau territoire du marché de l’art qui se dessine, il semblerait que le choix d’une école de commerce soit plus approprié que celui d’une école d’art !

Mille milliards d’œuvres d'art

Résultats des courses, l’amateur comme l’acheteur d’art se retrouvent devant des milliers de plateformes web présentant des millions d’œuvres d'art qui souvent se déclinent en une multitude de « prints » !

Dans ce contexte, évidemment, chaque plateforme cherche un modèle économique et il semblerait que la tendance lourde soit à faire payer l’artiste et les galeries par des « droits de passage » contre service rendus (droit d’exposer sur la plateforme). Ce qui est un indice fort sur le fait que l’offre pourrait être supérieure à la demande et que la réserve de financement se situerait plutôt du côté de l’exploitation de l’égo des artistes et de la volonté de survie des galeries. Cela restant à valider, nous allons prochainement explorer de manière approfondie les galeries et autres plateformes internet de vente et d’achat d’art.

Le contrat passé entre ebay et Sotheby’s  en 2014 a fini de « boucler la boucle », la vieille maison d’enchères proposant ses enchères sur la plateforme typique des années 1990-2000. Sans aucun doute ambitionne-elle là de mettre un pied dans chaque segment de marché... Un pas de plus vers une atomisation totale du-dit marché. Pour le plus grand bénéfice de... - réponse restant à trouver !



(1) ou $ ou £, etc.

(2) voir les billets Qu'est-ce que l'art contemporain, Différence entre marché de l'art et monde de l'art.




SHARE:

Picasso, interview de 1966


Moments précieux... pépites du web et de l'art.
SHARE:

Comment s’établit le prix d’une œuvre d’art ? Partie 1



Euro Construction
 Par Erina (Travail personnel) [Public domain],via Wikimedia Commons

 

Établir le prix d’une œuvre d’art est un sacré casse-tête !


De multiples niveaux et de nombreux paramètres sont à prendre en compte pour ce faire. Sur quels critères est basée la détermination du prix d’une œuvre ? Sur le talent de l’artiste qui l’a créée ? Sur la puissance esthétique qui émane d’elle ? Sur son potentiel en termes de placement et sa capacité à produire des gains ?


Les œuvres émanant d’artistes morts

Prenons l’exemple de Van Gogh, emblématique, dont chacun sait qu’il est mort dans la quasi misère (1).

Le Portrait du Docteur Gachet, peint en 1890, fait partie des toiles les plus chères jamais vendues : plusieurs dizaines de millions de dollars au multimillionnaire japonais Ryoei Saito via Christies, en 1990, exactement cent ans plus tard.

Que s’est-il passé entre les deux dates, sachant que Vincent Van Gogh, s’il pouvait être apprécié de son vivant, n’avait vendu qu’une toile (ou très peu) et que ses toiles se vendaient aux alentours de 1000 F après sa mort ?
SHARE:

Hic et art

L’affaire du tableau Ikéa, une « petite » affaire au vu des innombrables scandales qui émanent en continu du monde du marché de l’art, met avec beaucoup d’humour et de légèreté le doigt sur une question cruciale : comment s’estime la valeur d’une œuvre d’art ?

Ce dessin Ikea, d’une valeur de 7 €, positionné au beau milieu d’œuvres de musée est valorisé entre… 1000 € et 2,5 millions d’euros par les visiteurs, qui, tous se revendiquent ou s’estiment de facto amateurs d’art. Pas un n’émet un doute ou une hésitation avant de formuler le prix.

Cette vidéo est à la fois drôle, ironique et emblématique. Comment évaluer le prix d’une œuvre ? Qu’est-ce qui justifie le prix d’une œuvre qu’il soit à 7 € ou à 2.5 millions d’euros ?



Ce petit film amène deux réflexions…


1)      Les prix de l’estimation de ce dessin sont ici donnés au petit bonheur la chance par les gens, qui tâtonnent en fonction de leurs souvenirs ou qui donnent un prix « au pif ».

2)      Il n’y a aucune règle établie définie et en tout cas vraiment légitime (sinon la légitimité autoproclamée du marché) pour fixer le prix d’une œuvre comme nous allons le voir dans le prochain billet Comment s’établit le prix d’une œuvre.

… et une conclusion (logique) : 


sur le marché de l’art se vend tout et n’importe quoi à n’importe quel prix. D’autant que l’offre a littéralement explosé ces deux dernières décennies et qu’elle a revêtu une forme extrêmement nébuleuse. Cette dimension  atomisée a été permise par la structure même des nouvelles technologies qui ont ouvert tout grand la porte de « l’art partout, pour tous » (ou presque).

Alors, quand on est acheteur, comment savoir si on acquiert une œuvre au juste prix ou si l’on joue le rôle de pigeon ? Un bon début est de lire les deux prochains billets :

Comment s’établit le prix d’une œuvre - partie 1
Comment s'établit le prix d'une œuvre - partie 2
Voir aussi
Différence entre marché de l'art et monde de l'art


Affaire à suivre, donc…

SHARE:

Qu'apporte la contemplation d'une œuvre d'art ?



Qui n'a pas été comme percuté par le choc esthétique d'une œuvre d'art n'a sans doute pas encore vécu la plénitude liée à la contemplation d'une image (ou d'une photo, ou de toute forme de création artistique). Mais le choc est-il seulement esthétique ? Qu'est-ce qui peut bien se cacher derrière le plaisir puissant que l'on peut avoir à regarder un ensemble de formes et de couleurs* ?


IKB 191 (1962) Yves Klein


Vous est-il déjà arrivé d'être comme scotché, ou littéralement aspiré par une œuvre d'art ? Une peinture, une image ou une musique ? Vous tombez dessus par hasard, en déambulant dans un musée, en passant devant la vitrine d'une galerie ou d'un commerce ; ou alors le son d'une musique vous arrive aux oreilles au moment où vous vous y attendez le moins. Et là, vous vous immobilisez, les sens en alertes, le temps suspendu et vous regardez (ou écoutez). Une partie de vous-même se laisse emporter, flottant entre ici et nulle part pendant que votre cerveau analytique hurle son désaccord dans la mesure où il n'a pas d'explication rationnelle au phénomène.

Ce choc, bien plus qu'esthétique, est sans doute la première prise de conscience de la profondeur et de la puissance d'une œuvre d'art.

Tout amateur d'art passe-t-il par ce genre d'expérience ? La réponse est probablement oui.
SHARE:

Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne : l'art du mental



Mais que vient donc faire un musée d'art moderne dans une ancienne ville minière de tradition ouvrière ?
Petite enquête sur place...

Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne
Depuis son ouverture, en 1987, le musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne a gagné ses galons de « musée pointu », proposant une sélection "de grande qualité". Son ouverture, en parallèle du développement de la cité du design et d'une biennale du design à portée devenue internationale, procède d'une volonté de la ville industrielle de se repositionner sur le secteur tertiaire.

SHARE:

Faut-il acheter une œuvre d'art dans une galerie d'art ?


A l'heure où pléthore d'artistes cherchent à vendre leurs œuvres sur internet via plateformes en ligne, sites et autres Facebook ou Instagram, est-il encore judicieux, pour l'amateur d'art, d'acheter une œuvre d'art dans une galerie ? 
Les chiffres sont clairs. Là où il y avait environ 300 000 collectionneurs d'art recensés au début du XXe siècle, le marché international de l'art compte aujourd'hui plus de 70 millions d'acheteurs*. Les barrières à l'entrée se sont effondrées grâce aux nouvelles technologies qui permettent à tout artiste de vendre directement en ligne ou de prendre directement contact avec des acheteurs potentiels et la question se pose de savoir s'il reste judicieux d'acheter de l'art par l'intermédiaire d'une galerie dont on sait qu'elle retient 50% à 70% du prix de l'œuvre vendue...
SHARE:

Quelle est la différence entre le monde de l'art et le marché de l'art ?


Du mythe de l'artiste maudit au mystère de l'artiste caché ("mais qui est donc réellement Banksy ?"), du musée à la papa aux collectifs underground, de l'exposition dans un bar du fin fond de la Cornouailles aux salles d'enchères New-Yorkaises, comment se repérer dans l'univers artistique sans polluer ses perceptions de clichés et autres idées toutes faites (et souvent toutes fausses) accolés au monde de l'art ? Et d'ailleurs, quelle est précisément la différence entre monde et marché de l'art ?


différence entre marche de l'art et monde de l'art
Fumée - CC0 - public domain


Pour qui n'est pas un habitué de Christie's ou des soirées de la jet set, autrement dit pour tout un chacun, le monde de l'art a souvent l'image d'un univers nébuleux, peuplé d'originaux et autres allumés fêtards et bons vivants, qui traversent la vie en une joyeuse (ou triste) danse d'expressions diverses (arts visuels, musicaux, etc) visant à embellir la planète d'un futile voile esthétique...
SHARE:

Art Fesse-tival

SHARE:

Qu'est-ce que l'art contemporain ?


L'acceptation courante de l'expression "art contemporain", est celle d'art "qui nous est contemporain". Or, l'art contemporain (AC pour les intimes) est un courant très restrictif et très précis de l'art du temps présent, lui-même différent de ce que l'on appelle l'art moderne. Petit tour dans la jungle du jargon artistique...
Je me souviens de l'abîme de perplexité dans lequel ont plongé mes parents le jour où je les ai traînés au musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne, ancré dans une zone boueuse de la cité du design et reconnu (dans le monde de l'art) comme l'un des plus pointus dans ses choix d'expositions d'art contemporain et d'art moderne....
SHARE:
© Art can 17. All rights reserved.
BLOGGER TEMPLATE MADE BY pipdig